Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier - Programme de Recherche de Jean-Marc LEMAITRE et son équipe.
L'objectif principal de l’équipe est d'analyser dans quelle mesure le vieillissement cellulaire peut être lié à une organisation spécifique du génome en chromatine et de quelle manière cet état peut être reprogrammé vers une prolifération contrôlée.
Un organisme adulte assure le maintien de l’intégrité tissulaire par un contrôle précis du renouvellement de ses cellules au travers une parfaite coordination entre prolifération et différenciation.
Un grand nombre d’études concernant les différents niveaux d'organisation du génome ont conduit à l'hypothèse que des mécanismes épigénétiques pouvaient réguler d’une façon précise et coordonnée la réplication et l'expression de larges régions du génome organisées en domaines, au travers
différent états de la chromatine.
Cependant, les mécanismes moléculaires qui contrôlent cette coordination restent à élucider, mais pourraient être essentiels au maintien de la stabilité du génome et sa rupture à l'origine du vieillissement cellulaire ou du cancer.
De nombreuses théories parfois contradictoires sont proposées pour rendre compte des mécanismes du vieillissement de l’organisme, perçus soit comme le résultat d'un processus inéluctable ou soit comme le fruit d'une suite d'agressions qui pour-raient être évitées ou réparées.
Bien que supposée être un frein au développement de cellules cancéreuses, la sénescence cellulaire est aussi considérée comme une des manifestations du vieillissement de l’organisme qui pourrait conduire à de nombreuses pathologies liées à l’âge.
La plupart des cellules humaines, contrairement aux lignées tumorales ou aux cellules souches présentent une capacité de prolifération limitée, qui peut conduire à la différenciation terminale ou à la sénescence. Tout comme la différentiation terminale, elle s'accompagne d'une modification de l'expression génique coordonnée à un déclin de la compétence à répliquer le génome.
Nous postulons que le vieillissement cellulaire pourrait être un état ultime de différenciation qui pourrait s'expliquer par des modifications épigénétiques à l’origine de changements d'organisation de domaines de chromatine, rendant des gènes disponibles ou non pour la transcription et la réplication.
Les expériences de clonage par transfert nucléaire, et de transdifférenciation, transformant un type cellulaire en un autre, ont prouvé que la différenciation était un phénomène réversible, susceptible d'être reprogrammé à la fois au niveau de son programme de réplication et au niveau de l’expression de ses gènes. Cette plasticité de l'expression du génome nous permet d’envisager une reprogrammation des cellules sénescentes en remodelant l’organisation de la chromatine.
Nous analysons les modifications de l’organisation du génome en chromatine liées au vieillissement cellulaire. Cette étude est menée à différents niveaux en analysant à la fois la régulation épigénétique de cette organisation, son rôle dans l’expression et la réplication du génome ainsi que sa réversibilité, au cours d’expériences de reprogrammation vers une prolifération contrôlée.
Bien qu’encore mal comprise, la plasticité de l'organisation du génome, à l’origine de l'acquisition et du maintien de l'identité des cellules, constitue une des préoccupations de la médecine régénératrice de demain. Elle nécessite par conséquent, une étude approfondie que nous entreprendrons au cours du vieillissement cellulaire. Notre approche devrait permettre d’évaluer le rôle d’un contrôle épigé-
nétique sur le vieillissement et définir de nouvelles pistes pour une reprogrammation ciblée, afin de gommer certaines pathologies associées au viellissement de l’organisme.
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