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21/03/2014

Hérault Tribune : La Traversée, l'œuvre miroir de Jean Denant

Sète s’orne d’une nouvelle sculpture

Commeinhes - Denat inaugurent La Traversée en 2014Sète s’orne d’une nouvelle sculpture https://www.jeandenant.fr/site/la_traversee.html

 

Article original Herault Tribune

Le 7 mars 2014, La Traversée, l'œuvre miroir de Jean Denant, a été inaugurée route de la Corniche à Sète.

L'artiste plasticien sétois Jean Denant a installé route de la Corniche, face à la mer, une découpe du trait de côte méditerranéen taillée dans une plaque d'inox poli, sur le mur d'un ancien blockhaus. Il aura fallu dix jours aux ouvriers chargés du chantier pour marteler le béton au millimètre et creuser l'ensemble du tracé destiné à recevoir cette découpe. Et deux ans à ce projet, qui est une commande publique de la ville de Sète, pour aboutir. Depuis quelques jours, l'horizon peut enfin se regarder, et les passants, inscrire leur fugitif reflet dans cette œuvre spéculaire.

Fidèle à sa technique de construction-déconstruction, usant du pinceau parfois, mais aussi du marteau et du burin sur des surfaces brutes comme le placo-plâtre, le polystyrène, le bois, et le béton, Jean Denant poursuit son exploration d'un "monde en chantier". Proche des déconstructivistes, il propose une autre façon de percevoir et de penser le monde, en inversant les hiérarchies. Ainsi La Traversée, œuvre unidimensionnelle, propose-t-elle en même temps une perception en 3D et en mouvement.

Nominé au prix MasterCard 2011 et vainqueur du concours d'art contemporain de la CCIMP de Marseille l'an dernier, Jean Denant fait partie à 34 ans des artistes "qui montent".

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Le chemin (la traversée) de la Méditerranée texte poétique autour du projet Méditerranée pour la ville de Sète par Philippe Saulle (directeur de l'école des Beaux-arts de Sète) :

Le long de la route qui mène du Théâtre de la Mer au quartier de la Corniche on devine un blockhaus, juste un seul pan de mur de béton envahi par les asphodèles ou coiffé d’agaves en fleur.

Un long mur brut, épais, qui a conservé les empreintes des planches de chantier, fait dans l’urgence, comme on l’a fait plus tard des immeubles aux périphéries des grandes villes. Il est à peine visible. Abandonné, méprisé, il a souvent servi de support d’affichages sauvages. Il guette la mer de ses yeux gris aujourd’hui aveugles. C’était sa fonction, au creux du Golfe du Lion, de surveiller la grande bleue.

Jean Denant installe un reflet de plusieurs mètres de long, fait d’acier poli fixé, incrusté même, dans ce mur du blockhaus, face à la mer. La redoute de béton que l’on aimerait bien voir disparaître semble dès lors percée d’un orifice, comme une mare de mercure dont la surface argentée cacherait d’antiques excavations.

Une découpe de la cartographie côtière méditerranéenne qui, dans le sens des aiguilles d’une montre, épouse les côtes de France, d’Italie, de Slovénie, de Croatie, de Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, d’Albanie, de la Grèce, de Turquie, de Syrie, du Liban, d’Israël, de la Palestine,d’Egypte, de Libye, de Tunisie, d’Algérie, du Maroc, d’Espagne. Cette carte muette de la Méditerranée, dont le dessin est la représentation mentale d’un immense paysage, reflète ici la réalité de son paysage.

Sur la promenade qui lui fait face, le passant se voit lui-même traversant le miroir du nord ou sud, ou l’inverse, sous la ligne bleue de l’horizon quand elle rejoint le ciel, selon les caprices du temps, bien sûr. Œuvre spéculaire qui nous intègre - de passage - dans ce reflet de Méditerranée, comme autant d’âmes l’ont peuplée et la peuplent encore. La mer au milieu du monde est un pays sans cesse traversé par les habitants de ses rivages. Voyages, migrations, exils ou routes mirifiques sillonnent ce pays calme et pourtant si dangereux. Et, le miroir, psyché probablement imaginé sur des rives volcaniques de la méditerranée, en Anatolie, sans doute dans de luisantes obsidiennes, inspire toujours d’immémoriales légendes et nos voyages intérieurs.

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14/10/2009

Hommage à Pierre SOULAGES, au Centre POMPIDOU à partir du 14 octobre, rue Beaubourg à Paris

http://www.pierre-soulages.com/

Peinture, 300 x 235 cm, 9 juillet 2000 Peinture, 300 x 235 cm, 9 juillet 2000

Musée du Louvre

Du 15 Octobre 2009 au 18 janvier 2010 sera présentée Peinture, 300 x 235 cm, 9 juillet 2000 dans le Salon Carré du Musée du Louvre . C’est la salle où se trouvent la Maesta de Cimabue, une des toiles préférées de P. Soulages, Giotto, Fra Angelico et la bataille de San Romano de Paolo Ucello. C’est à côté de celle-ci que sera accrochée Peinture, 300 x 235 cm, 9 juillet 2000.

Centre Pompidou

Du 14 octobre 2009 au 8 mars 2010 aura lieu au Centre Pompidou à Paris, dans la grande Galerie du 6e étage, une importante rétrospective "Soulages", qui présentera une centaine d'œuvres depuis 1946 jusqu'à aujourd'hui (commissaires de l'exposition : Alfred Pacquement, directeur du Musée national d'art moderne, et Pierre Encrevé).

Le Centre Pompidou publiera en coédition avec les éditions Gallimard un catalogue de référence comportant, outre la reproduction de toutes les œuvres présentées dans l'exposition, des textes de Hans Belting, Yve-Alain Bois, Eric de Chassey, Annie Claustre, Harry Cooper, Pierre Encrevé, Isabelle Ewig, Serge Guilbaut, Guitemie Maldonado et Alfred Pacquement, ainsi qu'une chronologie riche de nombreux documents inédits réalisée par Camille Morando.

À l'occasion de cette exposition, le Centre Pompidou organisera, en collaboration avec l'Institut National d'Histoire de l'Art (INHA), un colloque international "Soulages" les 21 et 22 janvier 2010.

Voir le site du Centre Pompidou

 

La Croix - Pierre Soulages, la lumière de l’inattendu

09/10/2009 14:34

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2396507&a...


L'artiste peintre Pierre Soulages le 7 décembre 2007, devant une de ses œuvres au musée Fabre de Montpellier (Guyot/AFP).

Dans son atelier du Midi, ouvert sur la mer infinie, l’artiste, célébré cet automne par Beaubourg, revient sur sa quête d’inconnu, cette dimension sacrée que chaque homme porte en lui

On avait rencontré le peintre il y a huit ans, dans son appartement parisien. Cette fois, à l’occasion de la rétrospective que lui consacre cet automne le Centre Pompidou, il a accepté une visite à son atelier du Midi, ce lieu où, une certaine nuit de 1979, après des heures d’errance pour capturer dans sa toile une forme impossible, son art a brusquement basculé dans « l’outrenoir ». Alors que cette couleur avait totalement envahi son tableau, Soulages a vu s’y lever une fragile lumière. La peinture s’était muée en miroir, captant la clarté alentour pour la renvoyer en mille éclats. Une poussière d’étoiles avait jailli des ténèbres. Son art entrait dans une seconde naissance.

Sa maison se niche sur les hauteurs de Sète, à deux pas du cimetière marin chanté par Paul Valéry. Une allée descend entre les agaves. Et le sourire lumineux de Colette, l’épouse de Pierre Soulages, vous accueille, en bas. Arrivé sur la terrasse, c’est le choc. Le même probablement que celui ressenti par l’artiste en découvrant ce terrain, il y a tout juste cinquante ans. L’horizon marin s’ouvre à 180°, miroitant à l’infini, par-delà les frondaisons…

Soulages a surgi, en entendant nos voix. Comme pressé d’en découdre, lui, le bretteur de mots passionné. On a beau savoir qu’il fêtera à Noël ses 90 ans, sa carrure de géant (1 m 90 !), en tee-shirt noir et pantalon blanc, impressionne toujours. Sa conversation aussi : précise et volubile, un torrent de mots généreux, où l’on s’abreuvera près de trois heures durant.

Une expérience quasi physique de la peinture
Il a dessiné cette maison, avec son épouse, comme il crée ses peintures. Tracée en sobres lignes horizontales, c’est une épure de murs blancs aux sols d’ardoise, qui épouse discrètement le relief. L’atelier s’abrite à l’écart, quelques marches plus bas. Rien d’ostentatoire, ici. Des plafonds en béton brut contre le soleil du Midi. Une chambre dépouillée, un lit blanc et des nattes. Le vrai luxe, c’est la vue, époustouflante ; la lumière qui entre partout à flots. Et la rencontre paisible, orchestrée par Colette, entre quelques œuvres d’art premier aux murs, et des peintures de Pierre.
À l’ombre d’un auvent qu’embrasse un pin vénérable, il s’est assis, heureux de l’hommage que lui prépare Paris. Ces retrouvailles de sa peinture avec le public, il les voit comme une « fête », même s’il avoue « n’aimer pas beaucoup les rétrospectives : je préfère la peinture que je ferai demain aux œuvres du passé ». Il a veillé à l’accrochage aux côtés de l’ami Pierre Encrevé, et Alfred Pacquement, le directeur du Musée national d’art moderne.
L’exposition rassemblera une centaine de peintures, depuis les débuts en 1946 jusqu’aux toiles toutes récentes de 2009, avec, au milieu du parcours, une salle obscure incitant les visiteurs « à changer de regard ». Comme lui l’a fait dans sa nuit de 1979. Cette salle entièrement noire, du sol au plafond, ne comportera qu’un seul mur blanc, fortement éclairé, dont la lumière indirecte servira de révélateur aux tableaux. Une expérience quasi physique de la peinture pour mieux en dévoiler «la présence».

"Avec l’outrenoir, la lumière vient du tableau vers nous."

« Si j’ai été tellement bouleversé la nuit où j’ai découvert l’outrenoir, souligne Pierre Soulages, c’est parce qu’il fait intervenir un rapport à l’espace fondamentalement différent de celui que l’on voit d’habitude. Si l’on esquisse une histoire de l’art, de la préhistoire et jusqu’à la peinture byzantine, l’espace n’est jamais illusionniste. Il l’est devenu avec le Quattrocento : Giotto a commencé à peindre la bosse, le volume. Puis il y a eu l’invention de la perspective où le tableau s’ouvre comme une fenêtre sur un espace qui se prolonge derrière lui. Avec l’outrenoir, c’est le contraire qui se produit. La lumière vient du tableau vers nous. L’espace est devant. Nous sommes “dans” la peinture. D’ailleurs, si l’on fait un pas de côté, ses reflets changent. La peinture existe dans l’instant même du regard. »
Comme en écho à l’artiste, un grand triptyque outrenoir de 1983, rythmé de stries ondulantes, se mire dans le salon, face à la mer immense. Un jour, en découvrant le bleu de la Méditerranée qui rayonnait sur cette peinture, l’artiste eut le désir de l’utiliser dans ses toiles, faisant mentir les esprits étroits qui l’avaient tôt catalogué en monomaniaque du noir.
Ailleurs, des traînées ocre ont réapparu aussi, ou des déchirures d’un blanc intense. Mais jamais Pierre Soulages n’a dévié de sa voie abstraite. Celle qu’il avait choisie dès 1946, au sortir de la guerre, « jetant son bonnet par-dessus les moulins », et avec lui l’enseignement académique de son professeur de dessin. « Pour moi, l’œuvre n’est pas un signe, explique-t-il. Elle ne doit renvoyer ni à un passé ni à une psychologie ou à une anecdote, sinon elle perd de sa présence. Elle est un objet capable de mobiliser ce qui nous habite au plus profond. »

Une inventivité inlassable
Voilà pourquoi il préfère citer comme modèles, plutôt que des peintres classiques ou modernes, des œuvres d’art très anciennes, telle cette petite statuette mésopotamienne du Louvre ou ce bison préhistorique d’Altamira, en Espagne. « Pourquoi les premiers hommes sont-ils allés peindre dans le noir absolu des grottes et avec du noir de charbon ? » Cette question le hante. Que s’agissait-il d’affronter ainsi au cœur de la nuit ? Quelle peur archaïque ? Il y retrouve son propre chemin de peintre, avec ce goût pour l’exploration de l’inconnu. Cette audace qui le poussait adolescent à fouiller avec un archéologue les sites préhistoriques des Causses et à descendre au fond des gouffres. « On a retrouvé récemment une photo de moi à 17 ans, assis à côté d’un aven, avec une échelle de cordes ! » rapporte-t-il ravi.
La peinture a toujours été pour lui tout aussi aventureuse. « Contrairement aux artisans, note-t-il, nous ne savons jamais ce que nous allons faire, ou plutôt ce qui va se faire, quasiment à notre insu. C’est pour cela qu’il faut avoir l’œil ! Pour saisir ce qui vient. » Ce regard à l’affût, il confie le devoir aux braconniers de son enfance, à Rodez, rencontrés dans la boutique d’articles de pêche et de chasse de sa mère. « Ils ont un sens de l’observation que la plupart des gens n’ont pas. » La pêche à la mouche fut longtemps sa passion. Avant qu’il ne la délaisse pour se consacrer tout entier à la peinture, comme il a quitté le cher rugby de sa jeunesse et ce ballon ovale « empli d’inattendu».
Un voilier glisse au loin, impavide, sur la cime des pins. Le soleil doucement décline et l’on descend à l’atelier. Dans cette vaste pièce de 4 mètres de haut, que prolonge une aile plus basse, un diptyque noir, scandé d’accents luisants et mats, gît tout frais contre le mur. L’auteur élude : « Je ne veux rien en dire, sinon ça ne viendra pas. » Et de désigner une petite porte au fond ouvrant sur un recoin du jardin où dort un tas de cendres : « C’est là que je brûle toutes mes mauvaises toiles… »
Sur une table, bien rangés, reposent tous ses outils, certains fabriqués par Jacques, l’assistant fidèle du Midi : racloirs en métal, langue de pâtisserie fixée au bout d’un manche, morceau de semelle en caoutchouc, balai… Tous destinés à varier les jeux de reliefs, d’empreintes, de lissage que Soulages donne à sa peinture comme autant de pièges à lumière. Avec une inventivité inlassable, l’artiste ne s’est jamais contenté des brosses traditionnelles, comme il a exploré hier le brou de noix, la peinture au goudron sur verre, et aujourd’hui l’acrylique épais, couleur « noir d’ivoire ».
"L’idée de Dieu est pour moi anthropomorphique"
C’est dans cet atelier, raconte-t-il, qu’il a créé ses cartons pour les grands vitraux de Conques. Ceux dont l’historien Yve-Alain Bois vient d’écrire (1) qu’ils sont « les plus beaux du XXe siècle ». L’éloge lui met les larmes aux yeux. « J’ai fait cela pour donner à voir une architecture que j’aime. Je me suis laissé inspirer par ce lieu », confie-t-il, en essuyant ses lunettes fumées.
Amené pour la première fois dans cette abbatiale à 5 ans, par sa mère très pieuse, juste après la mort de son père, Pierre Soulages y est revenu vers 12 ans et fut « bouleversé par cette nef, la plus haute de l’art roman, cet édifice massif allié à tant de grâce. C’est là que j’ai décidé que l’art serait au centre de ma vie. » Non pas par une quelconque conversion à la Claudel : « L’idée de Dieu est pour moi anthropomorphique. Ce que je sais, c’est que je ne sais pas, avoue-t-il. En revanche, je crois au sacré. Il fait partie intégrante de la dimension humaine, nous le portons en nous. »
Ainsi, dans ces vitraux pour Conques, Pierre Soulages a-t-il cherché à produire ce qu’il appelle « une lumière métaphysique. Je voulais un verre qui isole de l’extérieur, explique-t-il, et en même temps un verre qui soit émetteur de clarté et module la lumière, tout en continuant les murs. »
Après d’intenses recherches au Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva) de Marseille et à Saint-Gobain, et de nombreux essais in situ, il se souvient d’avoir apporté un jour un échantillon incolore à Conques et découvert, dans un instant de panique, que celui-ci prenait des teintes orangées. En sortant à l’extérieur, il vit que le bleu qui manquait à l’intérieur colorait la baie au dehors. Ce verre décomposait la lumière naturelle, variant selon son intensité, d’une teinte gris argent à une chaude lumière dorée. Alors, il a ces mots qui conviennent si bien à sa peinture : « C’est quand on perd le chemin qu’on commence le chemin. »
Sabine GIGNOUX, à Sète (Hérault)

(1) Dans le catalogue de l’exposition de Beaubourg, qui commence le 14 octobre et dure jusqu’au 8 mars.
01.44.78.12.33. ou www.centrepompidou.fr

Midi Libre 9 Septembre 2009 – Rencontre - Pierre Soulages se prépare à fêter ses 90 ans à Beaubourg

Édition du mercredi 9 septembre 2009

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Dans son éden sur le Mont Saint-Clair à Sète, le peintre peaufine les détails de l’exposition parisienne qui consacrera son œuvre. Sensation d’île, loin de tout. Aucun voisinage ne trouble l’immense panorama qui prolonge le séjour et la terrasse, hormis quelques voiliers blancs ballottés sur une mer bleu de Prusse. Impression de pénétrer dans un tableau encadré par les lignes épurées de la villa et du jardin méditerranéen. « Un tableau figuratif ! », s’amuse le maître de l’abstraction.

La résidence d’été de Pierre Soulages à Sète est à la fois un éden et une œuvre d’art. Dans son style : béton brut, ardoise au sol, géométrie limpide et sobre. La maison s’encastre discrètement dans la pente du Mont Saint-Clair, toute en longueur, « selon un plan anti-cube ». Il l’occupe depuis cinquante ans, séduit par la magie du point de vue, cette mer aussi vaste et mystérieuse que les causses désertiques de l’Aveyron. « La solitude des paysages m’inspire. »

C’est dans ce refuge secret de Sète, où il aime à s’isoler au côté de Colette, la muse de sa longue vie, que Soulages prépare l’exposition événement du centre Pompidou, organisée pour ses 90 ans (il est né le 24 décembre 1919).

Jamais depuis une rétrospective Dali, Beaubourg n’avait consacré la totalité de son cinquième étage à un peintre en activité. Mais les honneurs ne troublent pas l’artiste français contemporain le plus connu au monde, même s’il n’y est pas insensible.

Le peintre aime raconter cette anecdote. Au directeur du prestigieux Musée de l’Hermitage de Saint-Petersbourg qui lui expliquait « vous êtes le seul peintre vivant de notre collection », Soulages avait répondu : « Je vais essayer de le rester… ». Chaque matin, le presque nonagénaire entretient sa forme en plongeant dans une piscine profonde bordée de cyprès.

« La rétrospective du centre Pompidou me rend bien sûr très heureux. Mais moi je suis tourné vers l’avenir. Ce qui m’intéresse c’est la toile que j’ai envie de faire ou celle que suis en train de faire », dit Soulages en nous entraînant dans l’atelier jouxtant la villa.

Quatre toiles sculptées dans une matière épaisse, le fameux outre-noir, y sèchent encore, dans l’attente de dialoguer avec la lumière. Ce jeu subtil des reflets sur la toile est la marque Soulages. Il évoque le rôle de « l’imprévu », si prégnant dans son œuvre d’explorateur. Et cite la translucidité des vitraux de l’abbaye de Conques renvoyant vers l’extérieur un bleu inattendu.

« L’Outre-noir, je ne savais pas non plus que je le rencontrerais. » Une découverte fondamentale datant de 1979. La majorité des œuvres de l’exposition parisienne appartiendront à cette période dite aussi du "noir lumière". « Il m’a permis d’atteindre des régions que je ne connaissais pas, d’ouvrir mon imaginaire. »

La veille de notre visite à Sète, Soulages a relu les épreuves de l’imposant catalogue que prépare son ami et exégète Pierre Encrevé. Il a également mis la main sur d’anciens brous de noix qui seront présentés dans l’exposition parisienne. « J’interviens peu. Juste quelques suggestions. Le choix des œuvres, l’accrochage revient aux deux commissaires d’exposition. »

Parallèlement au centre Pompidou, le Louvre accrochera un Soulages monumental face à la célèbre Bataille de San Romano d’Uccello. « Me retrouver à ses côtés, près de Giotto et de Botticelli, ça me touche » confie pudiquement ce géant du XXe siècle.

Jean-Marie GAVALDA

Vos réactions

13/10/2009 à 21h01 | ilionee 

Juste pour dire que je reviens du vernissage de l'expo pour les 90 ans de Pierre Soulages : à voir sans hésiter ! , et pour informer la personne ci-dessus qu'il me semble que Pierre Soulages fera une séance de dédicace samedi au Centre Pompidou...peut-être l'occasion de réaliser votre rêve en rencontrant ce grand monsieur ! Julie

29/09/2009 à 13h11 | 

mon rêve serait de rencontrer le grand Pierre Soulages et de lui faire partager mes dernières créations. je lui rend hommage à travers le noir que je travaille et aussi par ma phrase fétiche qui est le noir habille la couleur. J'irai voir cette exposition sans aucune hésitation. merci, Monsieur Soulages!!! une plasticienne. k.roll'

24/04/2009

TELERAMA : Sète, un chouette festival photo

Le 24 avril 2009 à 18h00

Tags : Sète photo week end

LE MONDE BOUGE - Culturelle et ouverte, la ville de l'Hérault lance la première édition d'“Images singulières”, un festival dédié à la photographie, du 30 avril au 10 mai. Au programme, des projections de photos et une douzaine d'expositions de qualité à travers la cité.

 - Manger
o L'entonnoir et sa cantine, dans les Halles, rue Gambetta. Nathalie concocte à petit prix (7-15 EUR) de délicieuses télines à la carmarguaise, des fritures de solette... Ouv. à midi uniquement. (sf lun. et mar.)
o Le Paris Méditerranée, 47 rue Pierre Sémard, 04 67 74 97 73. Ouv du mar au sam. Originalité des mélanges de saveurs. Digne d'un grand chef (15-30 EUR).

- Dormir  o Le Grand Hôtel, belle bâtisse face au Canal royal, chambre élégante et simple. 17 quai de Tassigny, 04-67-74-71-77. Dble, 94-124 EUR

- Boire     o Le Social, 35, rue Villaret-Joyeuse. Ambiance sétoise assurée !

- Voir       o Du 30 avril au 10 mai festival Images singulières.

o CéTàVOIR, rens. 04-67-18-88-69.

o Bertrand Meunier "Sète/09". La passionnante commande photographique réalisée pour le festival. Jusqu'au 30 juin.
Musée Paul-Valéry, rue François-Desnoyer. Lun. dim. (sf mar.) 10h-12h et 14h-18h (4 EUR).

o Steeve Iuncker et Agnès Varda au CRAC jusqu'au 14 juin. 24, quai Aspirant-Herber. 04-67-74-94-37 ; Tlj (sf mar.) 12h30-19h, week-end 13h-18h. Entrée libre.

 


- Sète vu par Bertrand Meunier.

Sète, « l'île singulière » – ainsi qualifiée par le local Paul Valéry – porte haut et fort son surnom. Dans ce berceau magnifique, adossé à l'étang de Thau, les pieds dans la Méditerranée, les habitants ont le ton franc et vouent un culte aux « copains d'abord », comme l'a si bien chanté un autre enfant du pays. Depuis 1666, date de création du port, le jour de la Saint-Louis, les jouteurs nautiques vêtus de blanc paradent dans la ville en chantant, avant l'affrontement épique sur le Canal royal : « Chagrin, chagrin, fait ta malle...»

A l'heure des victoires, on danse et on festoie jusqu'à la biture – le mot n'est pas vilain, il tient son origine de la biturica, assemblage de cépages que l'on retrouve dans les vins locaux. Et, même si, avec son Centre régional d'art contemporain, son musée des Arts modestes, son musée Paul-Valéry et ses quelques galeries, la ville s'offre l'occasion de belles manifestations culturelles, il manquait un festival dédié à la photographie. Le vide est comblé par le lancement de la première édition d'Images singulières, à du 30 avril jusqu'au 10 mai. Des projections de photos et une douzaine d'expositions de qualité à travers la ville seront prétexte, encore, à des rencontres et à la fête.

Pour la réouverture de l'ancienne chapelle du collège, on découvre le travail documentaire de la New-Yorkaise Anne Rearick et de deux photographes sud-africains, Ernest Cole, auteur d'images, aujourd'hui encore interdites dans son pays, de l'apartheid des années 50, et Guy Tillim qui expose des clichés en couleurs de Johannesburg. Au Centre d'art contemporain, le Suisse Steeve Iuncker révèle, à côté de ses cruels portraits de fashion victims, une série de planches-contacts émouvantes retraçant deux ans de connivence avec Xavier, condamné par le sida. A l'étage au-dessous, Agnès Varda revient au pays avec La mer... etsetera,une belle installation dédiée au port.

Sur le quai, il faut faire un stop à la galerie Dock Sud pour voir les images du jeune Turc Ali Tapik, avant de se rendre aux anciens chais Skalli. Dans cette magnifique bâtisse, bat le cœur du festival. On peut s'y restaurer, y déguster du vin, acheter un livre ou découvrir les expositions inédites de l'Indien Sohrab Hura, de l'Allemand Jens Olof Lasthein et d'Alain Bizos, qui a ressorti des images oubliées... Et, dans la nuit du 2 mai, guincher avec Rémi Kolpa Kopoul aux platines. CéTàVOIR, l'association à l'origine de ce festival, ne saurait pas porter meilleur nom !

Frédérique Chapuis
Télérama n° 3093