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13/03/2010

SETE - Port« Nous, on veut laisser quelque chose aux jeunes »

Midi Libre SETE - Édition du samedi 13 mars 2010

« Nous, on veut laisser quelque chose aux jeunes »

DR

VOS PAPIERS :

Nom : Sevilla Prénom : Didier
Age : 52 ans
Profession : grutier
Signe particulier : entré à la CCI en 1977, le délégué syndical CGT de Port Sud de France travaille sur le port depuis 1981

Nom : Coignat Prénom : Roger
Age : 52 ans Profession : technicien administratif
Signe particulier : ce délégué syndical FO de Port Sud de France a commencé comme magasinier sur le port en 1977

Nom : Mattia Prénom : Marc
Age : 54 ans
Profession : grutier
Signe particulier : délégué du personnel CGT de Port Sud de France, il a débuté en criée en 1975 avant de rejoindre les grutiers du port de commerce

A quand remontent vos premiers souvenirs du port de commerce ?
Marc Mattia :

A 1979. Nous étions alors 41 grutiers, contre 24 aujourd'hui. Il y avait beaucoup de conteneurs de marchandises diverses, des hangars, les grues étaient alors quai Riquet... Et près de 500 dockers.
Didier Sevilla :
Je me souviens surtout de Cayenne pour l'importance du vrac : le soufre, la bauxite et les vins, la cuverie tournait à plein régime. Et les bestiaux, bien sûr.
Roger Coignat :
En 1977, le trafic était de 5 millions de tonnes et 300 personnes travaillaient pour la CCI entre concessions pêche, commerce, formation et soutien au commerçants. J'étais basé à Cayenne, où se trouvaient les ateliers. On travaillait là ainsi qu'au Mas Coulet, au quai d'Orient, sur le quai A et à l'ancien silo à phosphates qui se situait au niveau de la gare Orsetti.

Quels furent, selon vous, les premiers signes du déclin ?
Marc Mattia
:
Quand on a perdu Merzario, en 1980. Cette compagnie italienne faisait beaucoup de conteneurs. Mais nous avions aussi beaucoup de ro-ro (roll on, roll off) car en ce temps-là, il n'y avait pas de portique.
Didier Sevilla :
Ce fut le désengagement de l'Etat par rapport aux investissements, qui a coïncidé avec la perte des trafics. En 1984, on a fini par obtenir un portique à conteneurs... Mais Barcelone en avait déjà dix ! Aujourd'hui, nous avons un port géré par une Région qui a la volonté et les moyens. Mais tout est à reconstruire.
Roger Coignat :
Le port est resté florissant jusqu'au début des années 1980. Quand je suis rentré, tout allait bien. Mais quand la Mobil a fermé, en 1983, nous avons perdu un milliard de centimes de francs de retombées issues de la raffinerie. Et tout ce qui tournait autour des deux postes pétroliers et du sea line. Puis le tonnage des bateaux s'est fortement accru et en face, nous n'avions pas le matériel pour répondre présent.

Comment avez-vous vécu la reprise du port par la Région ?
Didier Sevilla
:
Le 31 décembre 2007, on a été posés devant la porte de la Région sans autre forme d'explication. Au départ, on aurait préféré une co-gestion entre CCI et Région. Et pour cause : quand EPR (l'Etablissement public régional) est arrivé, ils ont dénoncé la convention collective et les accords locaux. C'est ce que nous avons renégocié durant 18 mois avec succès, et signé en janvier 2010. Maintenant, c'est la paix sociale, on est arrivé à se comprendre. Mais on n'est ni plus gentil ni plus couillon qu'ailleurs : les engagements pris par l'EPR et par son personnel sont respectés, c'est tout.
Marc Mattia :
C'est vrai, c'était l'inconnu, mais avec les budgets et les ambitions annoncés, on n'y voyait que des bénéfices.
Roger Coignat :
Au départ, je l'ai mal vécu, d'autant que je faisais partie du conseil portuaire et que, bien avant que la Région arrive, nous avions déjà frappé à toutes les portes. C'était sous Jacques Blanc. On ne comptait pas se laisser faire. On a dit à la Région : si vous mettez le bordel à Sète, on le mettra à Montpellier. Puis on a réglé nos problèmes internes à la CCI et la loi de décentralisation est arrivée. Mais à la base, la Région ne voulait pas reprendre le port... Enfin, ce fut quand même une déchirure, on a tous frôlé le chômage. Fin 2007, 67 salariés étaient transférés de la CCI vers l'EPR...

Un peu plus de deux ans se sont écoulés depuis. Le port vous semble-t-il revigoré ?
Roger Coignat :
Le trafic portuaire dépend de beaucoup de choses. Entre un projet et sa mise en oeuvre, il faut beaucoup de temps. Sur un port, tout est plus long, d'autant que nous avons un impératif de renouvellement du matériel. Regardez : GF Group, ça fait deux ans qu'on en parle, mais ça ne se fera pas avant 2011. Il y a l'obligation d'appel d'offres international et, pour monter un portique, c'est 14 mois de travail. Nous retenons en tout cas la volonté qu'il y a de redresser le port.
Marc Mattia :
A mon avis, il faut encore attendre pour juger des résultats... Mais depuis trois ans, les armateurs reviennent vers le port de Sète, et la paix sociale y est pour beaucoup. Avant, on ne parlait que licenciements.
Didier Sevilla :
Ce qui est déplorable, c'est que chaque fois qu'une m... tombe, ca tombe sur nous, le port. On fait du trafic de bestiaux, on nous dit que les vaches, ça sent, puis que la bauxite, c'est rouge, que le charbon, c'est noir...

Justement, comment avez-vous perçu la manifestation de samedi contre Agrexco ?
Didier Sevilla :
Franchement, 1 200 personnes pour une manif' nationale... Il y avait plus de monde aux puces de Marseillan. Et il faut être clair, GF Group est un armateur qui compte seulement Agrexco parmi ses clients. Agrexco lui fournit certes 40 % de son fret, mais cela ne signifie pas que 40 % du fret vient des territoires occupés (lire aussi ci-dessous). Alors nous, on respecte la cause palestinienne, mais ces opposants-là ne nous ont même pas appelés pour prendre des informations sur GF Group. Je languis que les élections régionales soient passées, et que le meilleur gagne. Car après, tous seront là pour couper le ruban, même les opposants d'aujourd"'hui. Et GF Groupe, ce n'est pas Agrexco.
Roger Coignat :
Nous n'entrons pas dans des considérations politiques. Nous voulons voir le port se développer. Si on dépasse les 4 millions de tonnes de trafic, ça va créer de l'emploi. Il est certain que l'arrivée de GF Group va générer l'arrivée de nouveaux clients, d'autant que la paix sociale règne sur le port. Quant à la manifestation, je ne comprends pas pourquoi ils sont venus là avec les drapeaux d'un pays (la Palestine, Ndlr). Nous avons là une campagne anti- israélienne et nous n'avons pas à entrer dans le champ...
Marc Mattia :
Il faut penser aux retombées pour Sète, alors même que la pêche est en difficulté. Tous ces projets sur le port, c'est l'assurance d'un train de vie pour la ville. Et nous, on veut laisser quelque chose aux jeunes.

Photos Vincent ANDORRA

Recueilli par Patrice CASTA

10:49 Publié dans Port Sud de FRANCE | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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