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25/03/2010

MIDI LIBRE FRONTIGNAN « L'étude trahit une priorité donnée aux intérêts de l'industriel »

FRONTIGNAN : Un plan de prévention des risques technologiques est en cours d'élaboration

Édition du jeudi 25 mars 2010

« L'étude trahit une priorité donnée aux intérêts de l'industriel »

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Trois délibérations ont été prises lors du dernier conseil municipal concernant les risques induits par la présence du dépôt d'hydrocarbures de GDH et les moyens d'intervention dont dispose la Ville.

Et cela dans le cadre de l'élaboration, par les services de l'État, du Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) (lire ci-contre).

Ainsi, les élus ont émis un avis réservé sur un projet d'arrêté préfectoral prescrivant des mesures complémentaires de maîtrise du risque à GDH. Malgré « de réelles avancées », notamment la construction d'un mur, au sud, séparant les installations de la voie ferrée, « de telles préoccupations demeurent désespérément absentes pour la sécurité des populations au nord », a déclaré le maire.

Or, les dernières analyses de l'exploitant et l'État, et le précédent d'AZF à Toulouse, montrent qu'il existe, sur le site, un risque « d'explosion d'un nuage gazeux non confiné... un danger de cinétique rapide beaucoup plus dangereux par son caractère imprévisible et instantané » que celui dit du "Boil over" qui a pourtant « grevé de contraintes le développement urbain de Frontignan pendant dix ans » mais qui était un risque lent permettant à la population d'évacuer.

« L'insuffisance manifeste de l'étude (NDLR : qui n'évalue pas, non plus, les dommages matériels sur le patrimoine privé) trahit une priorité donnée aux intérêts de l'entreprise au détriment de la sécurité de la population. » Or, a déclaré Pierre Bouldoire, devant l'assemblée, « il y a une fâcheuse tendance à confondre l'économie du site et l'économie de l'entreprise. GDH, c'est British Petroleum, il y a de gros budgets. »

Pour le premier magistrat, la protection de la population passe par une réduction des risques à la source : diminution de la taille des cuves afin de « minimiser l'onde de choc » éventuelle, présence permanente de personnel qualifié à la lutte contre l'incendie.

La Ville estime inconcevable que cette gestion des risques ne soit pas empreinte d'échanges et de concertation et se trouve dans les seules mains de l'État. C'est pourquoi (deuxième délibération), il est demandé au Clic (comité local d'information et de concertation) de faire appel à une expertise extérieure « car on ne peut pas se fier au seul document fourni par l'industriel », a martelé le maire ajoutant « qu'en cas de refus, la Ville irait en justice ».

Ce Clic, justement, a été créé par arrêté préfectoral en juin 2005, sur les communes de Sète et Frontignan en raison de la présence de GDH. Cet organisme d'échange et d'information est composé de trente membres répartis en cinq collèges : administration, collectivités territoriales, exploitants, riverains, salariés.

Or le préfet (courrier du 18 novembre 2009) prévoit d'en modifier la composition en y incluant les sociétés Flexsys, Saipol, les Silos de la Méditerranée et Sogema. « Cela entraîne une sous-représentation des collectivités territoriales, au détriment de la population. Pourquoi ? Parce qu'il existe une solidarité entre industriels » Alors même que seul le dépôt d'hydrocarbures est classé Seveso (lire ci-contre), « ces entreprises n'ont rien à y faire », a estimé le maire alors même que des associations de riverains et de protection de l'environnement ont été refusées. Seule, l'association de sauvegarde de l'Étang des mouettes a été agréée. Quant au maire, il a été désigné par le conseil pour représenter la Ville.

Isabelle JUPIN ijupin@midilibre.com

Le maire estime qu'il y a « trop de contraintes »

Interrogé, lundi, sur les tenants et les aboutissants de ces trois délibérations au conseil municipal, le maire indique que l'on se situe dans « un processus d'études préalables » à la prescription du PPRT qui va durer plusieurs années.

« Nous avons refusé une première étude de risque. Cette deuxième étude complémentaire demandée à l'industriel est insuffisante et on ne la valide pas non plus. Nous voulons que le périmètre de sécurité soit confiné sur le site de GDH et ne déborde pas sur la ville. GDH est d'accord pour construire un ouvrage afin de protéger la voie ferrée mais pas pour faire la même chose au nord », indique Pierre Bouldoire.

Or, selon les dernières connaissances scientifiques et les catastrophes d'AZF, à Toulouse, et Buncefield, en Angleterre, le risque (même s'il est minime) est « un danger de cinétique rapide et dangereux par son caractère imprévisible et instantané».

Du coup, le périmètre de sécurité coupe la voie ferrée, le canal et atteint quelques habitations dont quelques-unes devront être expropriées.

Deuxième chose : « Certaines habitations, dans les quartiers des Près Saint-Martin, de l'Entrée et de la Peyrade seraient impactéees par des travaux de mises en sécurité qui seront à la charge des habitants. Sinon, ils ne seront plus assurés. On ne peut pas être d'accord avec ça : un groupe industriel prend des bénéfices et renvoie les risques sur la population. Si l'État juge que ces mesures complémentaires sont exorbitantes, que BP prenne ses responsabilités et envisage de déménager une partie de ses stocks. Après tout, le site de Frontignan contient 170 jours de sécurité stratégique de la France, ce qui est énorme par rapport aux autres dépôts en France et cause trop de contraintes à la Ville. »

La partie s'annonce difficile. Prochaine étape : la présentation officielle de cette étude de danger au Clic, préalable à l'ouverture de l'enquête publique, sans doute à la fin de l'année.

13:44 Publié dans Agglo, Risques | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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